13-03-2017

N° 05, Juin 2006

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L'ECONOMIE SOLIDAIRE: Champs Théoriques et Pratiques

 

 

Directeur de la revue :  Pr. NOUREDDINE GOUALI , Recteur de l'Université de Tlemcen

 

Directeur de la publication : Pr. Chakib A.Cherif , Doyen de la Faculté

 

Rédacteur en Chef du numéro n° 5 : : Pr. Bendiabdellah Abdessalam

 

PREAMBULE

 

        Les articles de ce Numéro 5 de la Revue Economie et Management sont le fruit du colloque international organisé en novembre 2005 par la faculté des Sciences économiques et de gestion de l'Université de Tlemcen, sous la responsabilité du Professeur Cherif Chakib, et en collaboration avec le GRECOS de l'université de Perpignan (France), sur la thématique de "l'économie solidaire, champs théoriques et pratiques".

        Deux grands axes sont retenus dans cet ouvrage: Le premier donne quelques repères conceptuels de l'économie solidaire et montre que cette dernière est au cœur des nouvelles régulations économiques.

        Le deuxième tente de montrer comment l'économie solidaire. En tant que pratique économique et sociale, se construit au quotidien. en Algérie et dans quelques pays ou ce type d'expérience a prospéré.

        L'économie solidaire tire ses origines de l'économie sociale. En effet, les premières expériences sont à rechercher au Moyen Age, les guildes, confréries et jurandes, corporations et compagnonnages, constituent les prémices de ce mode d'organisation.

        Toutefois. Les premiers théoriciens de l'économie sociale n'apparaissent qu'au début du XIXème siècle, en réaction à la révolution industrielle. Face à la pensée libérale radicale. se positionnent des penseurs comme Saint-Simon (1760-1825) qui prône un socialisme utopique. Pour ce dernier, l'objectif du système industriel serait de procurer le plus de bien-être possible aux classes laborieuses unies en associations de citoyens, la redistribution équitable des richesses étant, elle, du ressort de l'Etat.

        A la même époque, Charles Fourier (1772-1837) invente le Phalanstère ou la répartition des biens s'effectue selon le travail fourni, le capital apporté et le talent. Proudhon (1809-1865) sera 1ui. le précurseur d'un système mutualiste ou l'argent est remplacé par des " bons de circulation" et ou les sociétaires échangent des services.

        Penseur anarchiste, il refuse toute intervention de l'Etat.

        Ce n'est pas le cas de Louis Blanc pour qui l'Etat a la responsabilité de généraliser un système de production basé sur la création de coopératives.

        A partir des années 1970, le renouveau de la sociologie économique moderne, qui s'intéresse à l'économie solidaire, s'inscrit dans un ensemble de courants qui regroupent les penseurs socio économistes comme J K. GALBRAITH (notion de technostructure) et A. O. HIRSCGMAN, M GRANOVETTER (analyse des réseaux).

        Ce courant se compose d'une part de l'Ecole Neo-institutionalistc représentée par la théorie des coûts des transactions (O.WILLIAMSON), école qui soutient que la logique du marché n'est pas toujours la plus efficiente du fait de ses « coûts de transactions» et d'autre part de l'Ecole Française de la Régulation et des Conventions (MAGLIETTA, R. BOYER, a FAVEREAU) qui met en relief le poids des forces sociales dans l'histoire et des interventions des Etats.

        L'économie solidaire se présente d'une manière générale comme une troisième forme de régulation qui vient s'articuler aux deux premières formes que sont le marché et l'état, et ce à travers la valorisation sociale des échanges non monétaires.

        Les familles de l'économie solidaire sont les associations, les coopératives, les mutuelles, les fondations, les organismes d'insertion et le commence équitable, autant de structures juridiques différentes pour un même objectif: la solidarité.

        Ces formes d'organisation socio-économique habituellement désignées par les termes génériques « d'économie sociale, troisième secteur, troisième système, économie communautaire, économie sociale alternative, économie associative », ont en commun des principes tels que l'absence du but lucratif, l'autonomie vis-à-vis des secteurs public et privé, la recherche de formes d'organisations plus participatives ou encore le service à la collectivité. Sur ce plan, l'approche de l'économie solidaire prend appui sur les travaux montrant que l'économie ne se réduit pas au marché mais inclut des principes de redistribution et de réciprocité, des activités solidaires. La non lucrativité n'implique pas l'absence de recherche de profit. Cela suppose seulement que les principes de redistribution ne sont plus régulés par les seules lois du marché mais par des valeurs solidaires: valeurs humaines, démocratiques. durables, ... Le profit dégagé est un profit collectif, solidaire et durable. Ces valeurs sont confortées par la réponse à des besoins locaux non  satisfaits tels que l'aide aux personnes âgées, la garde d'enfants, l'entretien de l'environnement.

        L'économie solidaire désigne aussi, les activités relevant principalement des activités de proximité et des initiatives locales ayant pour objectif le renforcement de la cohésion-insertion sociale, la création d'emploi, la lutte contre le chômage, l'exclusion et la pauvreté.

        Bien qu'encore largement méconnues aujourd'hui, ces organisations n'en représentent pas moins, dans de nombreux pays, une réalité économique et sociale très importante. En Europe, ce secteur emploie 8.590.000 personnes, soit 6,45% de l'emploi total et 7,78% de l'emploi salarié. En outre, la transformation de l'activité des bénévoles en équivalent plein temps, conduirait à évaluer à 10% la part du troisième système dans la main-d'œuvre totale.

        D'autres expériences dans les pays du sud montrent également, les efforts et les capacités d'auto-organisation des populations à vouloir bâtir une autre économie au service de l'homme. Ces expériences sont notamment:

        Les  banques  des  pauvres  (GRAMEEN BANK) au BENGLADESH initiée par l'économiste MUHAMAD YUNUS de l'université de CHITTAGONG BENGLADESH à partir de 1983 (il fonda les banques spécialisées en micro prêts).

        Les TONTINES africaines, associations citoyennes qui ont montrées leur efficacité au sein de la société. Ces tontines répondent aux besoins de convivialité, de sécurité, d'épargne, d'accès au crédit et de progrès de l'homme. Les coopératives commerciales au Mexique. Enfin, les micro-entreprises au CHILI.

        Toutes ces expériences montrent que, face d'une idéologie ultra-libérale qui voudrait précipiter toutes les sphères économiques dans une concurrence débridée au niveau global, il existe un mode d'organisation socioéconomique dotée d'un indéniable dynamisme  générateur de croissance et de solidarité.

        C'est à cet ensemble de questions que se destine ce nouveau numéro de la Revue Economie et Management de la Faculté des sciences économiques et de gestion, en espérant que les divers articles qui le composent auront apporté un début de réponses aux nombreuses préoccupations qui ne cessent d'animer ce secteur de l'économie sociale et solidaire.

Pr. Cherif Chakib 

SOMMAIRE

 

  • Sebbagh Djamel, Cherif Chakib , Charif Mustapha :économie Social et / ou solidaire : Entre utopie et réalité.
  • Pierre Llau :Vers une économie Solidaire : l'expérience du Commerce équitable.
  • Abdi Nourredine  : Une économie Solidaire issue de la lutte de libération : Le mouvement Autogestionnaire ne en 1962 dans des fermes de colonset ses implications. 
  • Sadoudi  Mouloud :L'économie Solidaire , Angle mort ou remise en Question du libération ?
  • Pierre Trimond  : Les expériences de l'économie solidaire et mondialisation .
  • Boumendjel S. : Contribution a la réflexion scientifique sur le contenue et le sens d'une économie solidaire a travers le monde susceptible de ramener la paix et stabilité.
  • Adem Lakhdar :Prolematique de promotions socioéconomique des communautés rurales en zones a afaibleressources. 
  • Ferreira Nathalie : Economie siciale et solidaire , autogestion et coopération : Des concepts différents pour une même approche  analytique economique.
  • Agossa Nina :L'economie solidaire : Champs théoriques et pratiques .
  • Elmoubarek Mohamed , Daoud Fatiha : L'économie solidaire entre les pays riches et les pays pauvres .
  • Bendiabdellah A. et Chelil A. : Le tiers secteur ou secteur de " L'économie Sociale et Solidaire ": une alternative plausible pour les laisses pour compte de la libération .
  • Ahmed Belbachir Mohamed  et Bendiabdellah Abdessalem : L'économie solidaire : Une pousse de l'économie sociale
  • Bekherrez Yadel Farida :La finance solidaire , un nouveau segment de la finance.
  • Kerroumi Bachir :Approche du management dans les structures protèges.
  • Beddi Nesreddine :Solidarité ou concurrence ?  Les politiques sociales a l'épreuves de l'efficacité économique.
  • Boutaleb Kouider :" Les instrument de l'économie solidaire : Le microcredit et son application dans le cas d'Algérie".